Monika, étudiante à l'INSP à Strasbourg

“D’un ministère tchèque à une préfecture française : le français ouvre des chemins inattendus.”

  • Où avez-vous étudié en France ? Quelle discipline avez-vous étudié ?

J’ai eu la chance d’être sélectionnée pour le Cycle international long (CIL) de l’Institut national du service public (INSP), la grande école qui a pris le relais de l’ENA, l’École nationale d’administration, connue pour avoir formé pendant des décennies les hauts fonctionnaires français.

L’INSP a été créé en 2022 pour moderniser cet héritage et former une fonction publique plus ouverte, plus diverse et tournée vers les défis contemporains. J’ai eu l’opportunité d’y étudier justement pendant cette période de transition entre les deux institutions. 


De septembre 2023 à octobre 2024, j’ai suivi ce programme intensif de 14 mois et j’ai intégré la promotion Joséphine Baker. Il est destiné à des cadres publics étrangers et comprend une formation théorique commune avec les élèves français admis par concours. Ce cursus alterne une phase académique exigeante et une immersion professionnelle dans l’administration française. 

J’ai étudié aux côtés de mes collègues français et internationaux les grands enjeux contemporains de l’action publique : politiques publiques, transformation numérique et écologique, finances publiques, négociation, management et gestion de crise.

  • Pourquoi avez-vous choisi d’étudier en France ?

Avant de rejoindre l’INSP, je travaillais dans la fonction publique tchèque en tant que conseillère juridique. Je cherchais une formation qui me permettrait de développer mes compétences dans la gestion publique, avec une vraie dimension pratique.
Le programme du Cycle international long à l’INSP correspondait parfaitement à cette attente. Ce n’est pas un programme théorique ou académique au sens classique, c’est une immersion concrète dans la vie administrative française, avec des stages en préfecture ou dans les ministères, des simulations de gestion de crise, des études de cas réels.
Et puis, il faut le dire : en tant qu’ancienne élève fascinée par le français depuis le lycée, c’était aussi un rêve personnel. Un rêve un peu fou, devenu réalité à Strasbourg.

  • Est-ce que vous parliez déjà français avant de venir en France ?

Oui, la connaissance du français était indispensable. Tout le programme, y compris le stage en administration, se déroule entièrement en français.


Personnellement, j’ai commencé à apprendre le français comme deuxième langue étrangère au lycée, comme beaucoup d’élèves en Tchéquie. Même si, dans ma région natale, frontalière avec l’Allemagne, ce n’était pas un choix évident, j’ai suivi mon intérêt pour cette langue. Ce choix s’est révélé très utile par la suite et je suis heureuse de l’avoir fait, car il m’a ouvert de nombreuses portes, dont celle de l’INSP.

  • Comment avez-vous financé votre période de mobilité ?

Malheureusement, il n’existe pas, à ce jour, de dispositif spécifique de soutien financier de la part des institutions tchèques pour ce type de formation. C’est pourquoi j’ai particulièrement apprécié le soutien offert par l’INSP, dont la bourse m’a permis de couvrir une partie importante des frais liés à la participation au programme.

  • Qu’avez-vous retiré de cette mobilité ? d’un point de vue universitaire, professionnel et personnel ?

Cette mobilité m’a transformée à plusieurs niveaux. Professionnellement, j’ai découvert la richesse et la complexité de l’administration française, notamment l’importance donnée à l’innovation et à l’usage de l’intelligence artificielle dans les services publics. 

Personnellement, cette expérience a renforcé ma conviction que les échanges internationaux sont une source d’inspiration.
Les échanges avec des participants venus du monde entier, qu’ils soient diplomates, magistrats ou experts en finances publiques et en éducation, ont été une source précieuse de réflexion et d’enrichissement. Ce regard croisé sur l’action publique est, pour moi, l’un des apports les plus marquants du programme.

  • Selon vous, quels sont les avantages d’étudier en France ?

Étudier en France, c’est bénéficier d’un écosystème intellectuel exigeant, rigoureux et très structuré. Le modèle des grandes écoles, en particulier celui de l’INSP, propose un enseignement pluridisciplinaire qui prépare aux réalités concrètes du service public. C’est aussi un environnement international stimulant, où l’on apprend autant dans les salles de classe que dans les discussions informelles. Et puis, la richesse culturelle et historique de la France rend cette aventure encore plus inoubliable.

  • Selon vous, quels sont les qualités et les défauts de la ville où vous avez étudié en France ?

L’essentiel de la formation s’est déroulé à Strasbourg. Une ville dynamique sans être trop grande, très accueillante, avec une vraie ambiance européenne. Pour un étudiant, c’est un cadre parfait, convivial et riche en opportunités. 

Si je devais évoquer une limite, ce serait peut-être le climat alsacien, un peu capricieux… Mais cela fait aussi partie du charme !
Ma plus belle surprise a été le stage dans le Val-d’Oise. Je ne connaissais pas du tout ce département en Île-de-France, et j’ai été touchée par la beauté de ses paysages. C’est un coin qui a inspiré Van Gogh, Cézanne, Pissarro… et quand on s’y promène, on comprend vite pourquoi.

  • Quel est votre meilleur souvenir de cette expérience ?

C’est difficile de ne retenir qu’un seul moment, car cette expérience a été riche à bien des égards. Mais si je devais en choisir un, ce serait sans hésitation le stage à la préfecture du Val-d’Oise.
Dans le programme, cette immersion arrive très tôt, juste après la phase d’introduction. Autrement dit, on vous met directement dans le bain. Et à vous de nager ! Avec le recul, c’est sans doute la meilleure école possible. Travailler au cabinet du préfet m’a permis de comprendre très concrètement comment les politiques publiques prennent forme sur le terrain. Voir les réalités locales, c’est essentiel pour mesurer les effets des décisions prises à l’échelle nationale.
Et puis, entre les sigles administratifs, les réunions matinales et les urgences à gérer, il y a eu aussi de vrais moments de complicité et d’apprentissage. Une expérience inoubliable, à tous les niveaux.

  • Quel conseil donneriez-vous aux futurs étudiants tchèques en France ?

Ayez confiance en votre choix ! Le fait d’apprendre le français est déjà une première victoire. La langue vous ouvrira mille portes académiques, professionnelles, humaines. Et surtout, restez curieux, ouverts et proactifs : c’est ainsi que l’on tire le meilleur de cette expérience

    

Mise à jour le
Publié le : 28/05/2025 à 15:51
Mis à jour le : 28/05/2025 à 15:56